A l'heure où le web devient un support médiatique incontournable, on vous livre nos conclusions - et nos problématiques en suspens - relatives aux contenus politiques sur les plateformes de streaming.
Aujourd'hui, le deuxième site le plus visité du web, YouTube, qui propose des contenus audiovisuels concurrençant les médias traditionnels, sert principalement la diffusion d'un message d'extrême droite ou de droite radicale. Ce courant est celui qui a le plus investi la plateforme web et ceci peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Le premier est que la publication de contenu sur la plateforme n'est pas soumise à la validation éditoriale d'un média, mais seulement à la modération de la plateforme. Les idées radicales s'expriment donc plus facilement sur le web. Par ailleurs, comme évoqué en introduction de notre première étude, la communication sur le web a déjà permis à des partis populistes de droite radicale d'accéder au pouvoir dans des pays voisins : Donald Trump, aux État-Unis, a conçu sa communication sur les réseaux sociaux grâce au rachat de données personnelles auprès de Cambridge Analytica et Facebook (devenu Meta) ; Jair Bolsonaro, au Brésil, est devenu Président du pays en menant notamment sa campagne sur WhatsApp (autre service détenu par Meta) ; Matteo Salvini, en Italie, a utilisé ces mêmes techniques pour être aujourd'hui membre du Sénat italien et député européen ; enfin, la campagne pro-brexit en Angleterre s'est elle aussi appuyée sur une intense campagne de communication sur les réseaux sociaux. Ce sont donc des pratiques qui ont fait leurs preuves, et qui sont aujourd'hui aussi utilisées en France. Il est important de considérer sérieusement cette problématique, puisque 15% de la population française est essentiellement soumise aux informations diffusées sur le web.
L'usage de services numériques détenus par des géants privés étrangers rend difficile la régulation par les États, et met aujourd'hui en péril les valeurs même de la démocratie, à savoir la pluralité, l'équité ou l'égalité des représentations en période de Présidentielle. A défaut d'être en mesure d'appliquer des réglementations nationales à des multinationales étrangères (Google, Apple, Meta, Amazon, Microsoft, TikTok), une perspective pourrait être d'imposer une régulation aux candidat·es, car ils et elles sont soumis à la loi française. Peut-être devrait-on leur imposer, par exemple, de déclarer leurs comptes auprès d'une autorité nationale, qui pourrait veiller à ce qu'ils et elles n'abusent pas des réseaux sociaux, pour bénéficier d'une surreprésentation médiatique numérique.
Si ces études vous ont appris quelque chose, n'hésitez pas à les partager, ou simplement à en parler autour de vous. Il est capital de développer une conscience de ces dérives à l'échelle nationale, pour préserver les valeurs qui ont fait de la France le pays des droits humains.